Annegray, hameau de la Voivre

A la sortie de Faucogney on emprunte la direction de Mélisey et après environ 3 km on prend à gauche au panneau « Chapelle de Saint Colomban ».

Le hameau d’Annegray (commune de la Voivre) est le lieu du premier monastère de l’Irlandais Colomban fondé à la fin du VIe s. Pourquoi le choix de ce site? Pour le paysage, proche de ceux de l’Irlande ou plus probablement pour occuper un désert culturel faisant suite à la déstructuration du pays des francs par la chute de l’empire romain et les invasions barbares?

Le site rassemble : les fondations du prieuré roman saint Jean-Baptiste, une chapelle reconstituée avec des éléments épars récupérés dans la région, deux calvaires, le buste de Mgr Thiebaut à l’origine de la redécouverte du site, et une borne pyramidale. Cette borne est un des rares témoins de la triangulation disposée à travers le département par César François Cassini de Thury (1714-1784), pour réaliser la grande carte de France à la demande de Louis XV. Elle a été déplacée à cet endroit afin de la sauvegarder.

Admirez aussi le paysage, laissez-vous transporter des siècles en arrière et imaginez quelques instants la vie de ce monastère. Enfin, ouvrez-vous à la perception des « effluves » du lieu qui ont imprégné les hommes de l’époque gallo-romaine jusqu’à aujourd’hui.

Un peu plus d'histoire

Avec la fondations de l’abbaye les moines apportent avec eux une culture. Certains moines irlandais enchaînaient 7 années d’études. Ils ont appris le latin, étudié la Bible et les sciences. La noblesse franque remarque vite leur capacité d’enseigner, comme la radicalité de leur foi. Et on afflue vers eux, pour apprendre et se cultiver. Ainsi, le prieuré va se maintenir, dans le sillage du monastère de Luxeuil, d’où sont issus de nombreux autres monastères établis à travers l’Europe.

Après sa mort, les fils de Charlemagne se divisent l’Europe occidentale. Cela entraîne des guerres et des pillages, puis l’apparition des « chefs de guerres » comme les Seigneurs de Faucogney. Apparaît également une famille noble « d’Annegray ». Cette famille fournit parfois des « abbés » au prieuré. En compensation de la formation de leurs jeunes, les nobles donnent des terres aux abbayes. Les familles qui cultivent ces terres participent aux corvées des abbayes, leur versent la dîme. Les abbayes deviennent une source de revenus. Celles de Luxeuil et d’Annegray, maintiennent des formes de servage jusqu’en 1789 et la révolte commence à gronder.
Avant de les expulser en 1792, la Révolution regroupe les 3 derniers moines d’Annegray avec une vingtaine d’autres à l’abbaye de Luxeuil. Le 6 Mars 1792, la maison prieurale d’Annegray, l’église et le cimetière sont mis en vente et adjugés à un nommé Pierre Daloz pour 6 500 livres. L’église fut démolie et vendue pour la pierre, le cimetière et le cloître devinrent un pâturage. Seule la maison de ferme survécut.
A partir de 1926, le chanoine Henri Thiebaut, curé doyen de Luxeuil, achète quelques ares de l’emplacement présumé du prieuré et y rétablit un pèlerinage annuel. A partir de 1950, le docteur Gilles Cugnier acquiert l’emplacement de l’ancien cimetière et y dresse un calvaire. Un petit bâtiment à usage agricole est aménagé en chapelle pour rappeler aux visiteurs que ce lieu, sanctifié par les moines colombaniens et bénédictins, est non seulement un site historique, mais également un espace de paix et de prière.
 Extrait d’une conférence de Philippe Kahn.
Des bénévoles de l’association des « Amis de St Colomban » entretiennent et aménagent le site.
Pour en savoir plus sur les fouilles archéologiques du site.